Qu’est-ce qui nourrit aujourd’hui votre désir de création ?

Aujourd’hui, mon plus grand désir est de redonner du temps au temps. S’organiser pour maintenir à distance l’étau sociétal qui nous conditionne à courir comme des rats de laboratoire après les secondes, les minutes, les semaines, les mois, les années. Chercher tous azimuts les outils de la décélération ; oser prendre la tangente, le pas de côté et renouer avec l’articulation du silence à la pensée. En tant que personne, artiste, danseuse, chorégraphe au long cours, j’aimerais bien en être là.

Comment allez-vous créer avec ces jeunes interprètes ?

Bonne nouvelle compose avec le fait de nommer, fredonner, murmurer, hululer et clapper de la langue, marcher sur la pointe des pieds à la queue leu leu sur les traces du loup, se retrouver aux quatre coins du monde pour danser sans penser, courir ardemment, sauter et se porter à plusieurs sans oublier de, parfois, lever la tête vers le ciel, compter les marguerites, parler aux oiseaux, s’éventer les yeux fermés…

Est-ce que ce projet est porteur d’une préoccupation particulière ?

La réponse est malheureusement prévisible compte tenu de ce qui se passe à tous les niveaux. Chaque recoin de création est en danger. Ici, à Bobigny, dans cette Maison qui n’a de cesse de développer, partager une idée ouverte de la culture indisciplinée, travailler, prendre du temps, se mettre à l’écoute de ces toutes jeunes personnes, c’est simplement tisser le lien premier, indispensable aux principes d’une juste et plurielle relation entre les êtres. À suivre, n’est-ce pas ?

Quel est le sens de ce titre, Bonne nouvelle ?

« Bonne nouvelle » est le nom donné à ma joie après l’invitation à imaginer une partition avec dix-sept enfants et adolescent·es supra motivé·es de Bobigny.

Régine Chopinot, février 2025